Premièrement : pour nous, les zapatistes, les peuples indiens du Mexique, de l’Amérique et du monde, la terre est la mère, la vie, la mémoire et le lieu du repos de nos ancêtres, la maison de notre culture et nos coutumes. La terre est notre identité. C’est en elle, par elle et pour elle que nous existons. Sans elle nous mourrons, même si nous continuons à vivre.
Deuxièmement : pour nous, la terre n’est pas seulement le sol sur lequel nous marchons, que nous semons et sur lequel grandit notre descendance. La terre est aussi l’air qui, devenu vent, monte et descend de nos montagnes. Elle est eau des sources, des rivières, des lagunes et des pluies qui sèment la vie dans nos plantations ; ces arbres et ces forêts qui donnent naissance aux fruits et créent de l’ombre ; ces oiseaux qui dansent dans le vent et chantent sur les branches ; ces animaux qui avec nous grandissent, vivent et se nourrissent. La terre est tout ce que nous vivons et tout ce que nous mourons.
Troisièmement : pour nous, la terre n’est pas une marchandise, pas plus que ne sont des marchandises les êtres humains ou les souvenirs ou les saluts que nous donnons et recevons de nos morts. La terre ne nous appartient pas, c’est nous qui lui appartenons. C’est à nous qu’il a échu d’en être les gardiens, d’en prendre soin et de la protéger, comme elle a pris soin de nous et nous a protégés pendant ces cinq cent quinze ans de souffrance et de résistance.
Quatrièmement : nous, nous sommes des guerriers. Non pas pour vaincre et asservir l’autre différent de nous, celui qui habite un autre lieu, celui qui a d’autres manières de faire les choses. Nous sommes des guerriers qui défendent la terre, notre mère, notre vie. Pour nous, c’est la dernière bataille. Si la terre meurt, nous mourrons. Il n’y a pas de lendemain sans la terre. Ce qui veut détruire aujourd’hui la terre, c’est un système tout entier. Voilà l’ennemi à abattre. « Capitalisme » s’appelle l’ennemi.
Cinquièmement : nous, nous pensons qu’il est impossible de gagner cette bataille si nous ne la livrons pas aux côtés des autres peuples qui sont comme nous de la couleur qui est celle de la terre, si nous ne menons pas cette lutte aux côtés d’autres qui sont d’une autre couleur et dont le temps et les coutumes diffèrent, mais qui éprouvent la même souffrance. C’est pour cela que nous avons traduit en paroles cette pensée avec la Sixième Déclaration de la forêt Lacandone. C’est pour cela que nous avons parcouru, oreilles et cœur ouverts, les endroits les plus reculés de notre pays. Pour chercher et rencontrer tous ceux qui disent ou qui veulent dire ¡Ya basta !, « Ça suffit », tous ceux qui ont trouvé que leur ennemi porte le même nom que celui qui nous tue et nous fait souffrir, nous.
Sixièmement : nous, nous pensons qu’il ne suffit plus de ne faire que résister et attendre les attaques répétées de celui qui aime commander et de l’argent. Nous pensons que la force nécessaire aujourd’hui pour survivre est suffisante pour en terminer avec les menaces qui pèsent sur nous. L’heure est venue.
Septièmement : ni l’arbre ni la forêt. Nous, en tant que zapatistes que nous sommes, pour comprendre et savoir ce qu’il faut faire, nous regardons vers le bas. Non pas en signe d’humilité, non pas pour soumettre notre dignité, mais pour lire et pour apprendre ce qui n’a pas été écrit, ce pour quoi il n’y a pas de mots mais uniquement des sentiments, pour voir dans la terre les racines qui soutiennent, tout là-haut, les étoiles.
LIBERTÉ ET JUSTICE POUR ATENCO !
LIBERTÉ ET JUSTICE POUR L’OAXACA !
Merci beaucoup.
Sous-commandant insurgé Marcos.
Mexique, juillet 2007.
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