Oui, bon, ok, j’étais mardi à une entrevue entre Ségolène Royal et une dizaine de blogueurs.
Je ne comptais pas particulièrement faire de compte-rendu, mais comme pas mal de monde me pose des questions, je vais finalement répondre d’un coup ici.
Maintenant, si vous voulez lire des trucs incroyables, apprendre des choses, ouvrir de nouveaux horizons, ne lisez pas ce post mais plutôt, par exemple :
Le concept de TAZ, par Hakim Bey
La déclaration d’indépendance du cyberespace, par John Perry Barlow
La notion d’interdépendance (chez Thierry Crouzet)
Vous pouvez aussi vous rancarder sur ce qui est aujourd’hui en train de construire le 21eme siècle : par exemple, la Free Software Foundation
Bon, c’est parti, je ne vous promets pas d’être objectif, ou fidèle ou sympa, juste sincère. Ce qui suit ne prétend pas être autre chose que mes impressions ; pour un compte-rendu « objectif », voir euh… ailleurs.
Je liste en vrac toutes les questions qui m’ont été posées après, pertinentes ou pas.
Comment je l’ai trouvée ?
(hé… franchement… on s’en fout, non, de « comment je l’ai trouvée ? »)
Bon, pas facile à dire.
Je l’ai trouvée « Sans chichi ». Pas « nature », ça ne colle pas, mais disons simplement « là, à sa place ». Dispo, sans plus. Polie, souriante, accueillante, mais pas cordiale pour autant. Pas du genre à se la jouer « on est les meilleurs potes du monde » au bout de 10 secondes, voyez ?
Ça, c’est plutôt chouette.
A part ça, blessée. (peut-être un peu trop « revancharde » d’ailleurs). Bon, elle a de bonnes raisons, ok. Mais elle revient souvent sur « Je n’ai pas eu le soutien que j’aurais mérité de la part de certains ténors ». (Ce sont mes mots à moi, hein, elle ne l’a pas dit comme ça). Comparaison habile avec le soutien sans faille, lui, reçu par Obama de la part de Clinton…
Enfin, plus concentrée sur les échéances internes au PS que sur autre chose, ce qui, pour moi, était forcément décevant, mais qu’on pourrait difficilement lui reprocher. Au PS comme chez beaucoup d’autres, si vous ne « tenez pas l’appareil », vous ne pouvez rien faire. Donc il faut prendre le parti, et l’énergie que vous mettez là-dedans, vous ne la mettez pas ailleurs.
Globalement, c’était comment ?
Un peu de la soupe, en fait. Pas sa faute, pas la nôtre non plus, je crois. Simplement trop d’interlocuteurs pour si peu de temps (9 en une heure, soit 6mn par tête, question et réponse comprise), trop de sujets différents dans tous les sens, trop de « mélange des genres » (militants enamourés vs plus dubitatifs, voire opposants).
Bref, le spontané, c’est bien, mais ça n’empêche pas d’être pro. Là, c’était très brouillon.
Mes suggestions pour la suite :
- 4 ou 5 blogueurs maxi (ou alors plus de temps)
- Faire des rencontres thématiques
- Ne pas hésiter à plus « préparer », quitte à filtrer un peu, voire envoyer les questions à l’avance ; ce n’est pas grave, le but du jeu n’étant pas de « piéger » qui que ce soit, mais d’arriver à se parler de trucs intéressants.
- Séparer les rencontres avec les militants internes, de celles avec les extérieurs. Ce ne sont pas les mêmes sujets qui nous intéressent, et surtout la « forme » du contact est forcément différente.
- Enfin, ne pas hésiter à faire parfois des huis clos (sans caméra, sans enregistrement), histoire de pouvoir libérer un peu plus la parole, en évitant la trouille du « syndrome You Tube ». Bref, séparer les « interviews », des « rencontres/entretien/échanges ».
Mais bon, autant c’était un peu de la soupe, autant je ne veux pas cracher dedans ; c’était un test, donc merci à celles et ceux qui l’ont monté et merci à elle d’avoir accepté.
Pourquoi j’y suis allé ?
D’abord, parce qu’on me l’a demandé (gentiment), ensuite pas franchement pour « apprendre des trucs » ou vraiment « poser des questions », mais plutôt pour montrer qu’il y a un intérêt, des « forces vives dispos » sur certains sujets, et que si le PS voulait bien, enfin, prendre clairement position, il pourrait peut-être compter sur des soutiens externes qui lui font, je crois, cruellement défaut depuis bientôt 10 ans.
De quoi ai-je donc parlé, quelles questions ai-je posé ?
Deux questions, dont, la première, totalement incompréhensible !
(Ben oui, ça arrive J. Je l’avais pourtant préparée, mais je ne sais comment je me suis démerdé, j’ai finalement sorti une bouillabaisse de concepts plus ou moins fumeux, qui n’a abouti absolument à rien, si ce n’est le fait de faire marrer tout le monde, dont moi, et elle, ce qui est en soit une performance non négligeable). Applaudissements, svp.
C’est bien dommage, parce qu’elle était chouette, ma question. Si, si.
En gros, je souhaitais lui demander si « Désir d’avenirs » allait rester au stade « démocratie participative » (structure pyramidale qui consulte sa base) ou pouvait évoluer un jour vers une véritable structure « réseau ».
Bref, je me suis embrouillé dans des histoires de complexité et de diversité, et elle m’a donc répondu poliment des trucs qui n’avaient forcément rien à voir et que j’ai oubliés aussi sec. Fatalement.
Encore toutes mes excuses à tout le monde.
Deuxième question sur les « alternatives au capitalisme financier ».
Sujet crucial, super intéressant et super important pour l’avenir de cette jolie planète et des pingouins qui y habitent. Genre vous.
Et deuxième ratage, mais cette fois ci, pas de ma faute.
Bon. Le PS en général et Mme Royal en particulier, semble ENFIN se rendre compte qu’il n’y a pas que le secteur « privé capitaliste » et le secteur « public », mais qu’il existe aussi des milliers d’entreprises « privées, non capitalistes » (au sens où elles ne rémunèrent pas ou très peu le capital). Par exemple, les SCOPs. Par exemple, des milliers de PME dans ce pays qui n’ont jamais rémunéré le capital et qui sont souvent précisément celles qui innovent, créent des emplois, bref, de la « valeur ».
Bien. Tout le monde semble aussi se rendre compte ENFIN que nous avons bien, tous, à l’échelle mondiale, un sérieux problème avec ce modèle économique qui est en train de foutre en l’air la planète et l’humanité, que j’appelle, moi, « capitalisme » et qu’il est désormais convenu d’appeler, dans les milieux propres sur eux, le « capitalisme financier ».
Ma question était donc la suivante : « Ne pensez vous pas que ce « tiers secteur » puisse constituer une alternative crédible au capitalisme financier et que proposez-vous, au-delà de quelques subventions, pour lui donner les moyens de se développer réellement ? »
(NB : le gros bug étant, bien entendu, que tant qu’on reste dans un système où les entreprises sont engagées dans une course perpétuelle à la rémunération du capital, celles qui le rémunèrent le plus continueront à drainer l’essentiel des ressources financières, donc des capacités de développement. Or ce ne sont pas celles là qui génèrent le plus de « vraie valeur » au sens économique, social et environnemental).
Là, j’ai cette réponse (en très gros) « Oui, je crois qu’il faut développer ce « tiers secteur ». Dans ma région, je soutiens les SCOPs. La région distribue des subventions quand des salariés veulent reprendre leur entreprise en faillite ». (je résume vachement, hein, et je déforme peut-être un peu. Je crois que les sources sont dispos quelque part. En tout cas, ne citez pas ça, ce sont mes mots à moi, j’espère respecter « l’esprit ».)
Bon, vous l’aurez compris, c’était pas ma question, mais c’était sa réponse.
C’est vrai, et c’est super bien. Il faut lui reconnaître ça. Mais c’était pas ma question.
C’est là que le « format » de la rencontre trouve ses limites : il est évident que traiter sérieusement ce type de sujet en 3 mn chronos, sachant que j’ai déjà pris 2mn rien que pour la question est à peu près impossible… Dommage.
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UPDATE de ce post, à minuit le même jour :
En allant chercher les liens vers les blogs de mes petits camarades, je tombe sur la vidéo en réponse à ma question. Donc je l'écoute et là...
Elle est vachement bien sa réponse !
Mon résumé est beaucoup trop "à la hache" et du coup, assez loin de la réalité.
Je vous propose donc de l'écouter ci-dessous. (c'est toujours pas la réponse à ma question, qu'on n'entend pas, d'ailleurs, mais c'est très complet quand même)
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Voilà.
Les autres questions (rahh, je suis en train de faire le post le plus long du monde, là).
Bon les autres questions, allez les lire chez les autres, tiens, ça leur fera des visites et ça m’évitera de déformer leurs propos. (il faudra que je mette les liens, en attendant, vous pouvez y aller par "Crise dans les medias", en lien dans la liste "freemen", colonne de gauche)
Quelques anecdotes pour la route :
La veille, un des organisateurs (et blogueur intervenant) Ronald, nous envoie à tou-te-s un mail. Je ne le lis que le jour même vers midi. Le mail dit « pas la peine de venir en costard-cravate, hein ».
Je n’ose répondre que, le matin, j’ai mis comme souvent mon T-Shirt noir à tête de mort, avec le drapeau pirate des cinglés de l’organisation « Sea Shepherd »…
Au beau milieu de l’entretien, déclaration d’amour enflammée de Graziella à Ségolène.
Pas forcément d’un intérêt intellectuel démesuré, mais bon, sincère, énergique, plein d’espoir, donc finalement… touchant. Et c’est peut-être là une des forces de Mme Royal ; à la fin de l’envoi, elle touche.
Bon, ça va bien, j’arrête là.
Résumé général de l’expérience : moment bon enfant et plutôt sympa, mais brouillon. On a un peu tou-te-s perdu notre temps, (elle compris, je crois), mais on est plutôt content de l’avoir perdu comme ça.
A refaire, dans les deux sens du terme.
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Update toujours, comme promis, les liens vers les autres participants :
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