L’idée fait doucement son chemin, depuis un plateau insoumis jusqu’aux sables du Kurdistan, résonne dans un bar New-Yorkais, s’insinue dans les brumes automnales du bocage nantais et revient comme un écho des montagnes du sud-est mexicain.
Fédération de communes libres.
Et si c’était « juste » ça qui nous manquait jusque là ?
Si ces trois petits mots constituaient LE projet qui nous verra enfin avancer ensemble, qui nous verra enfin agir avec un temps d’avance, plutôt qu’en perpétuelle réaction, et mettre enfin bout à bout tous les petits morceaux que nous fabriquons depuis si longtemps.
En 10 ans, petit à petit, nous avons appris à faire beaucoup de choses. Pas tout. Mais beaucoup.
Pour dresser un tableau rapide, nous savons déjà faire du pain, des légumes, du lait, du fromage, de la viande, du vin, de la bière, bref, à manger, nous savons fabriquer des vêtements, construire des maisons, monter des systèmes d’assainissement et de filtration des eaux usées, faire le ménage (si, si, on le fait nous-mêmes), nous savons nous chauffer, produire de l’électricité, monter des banques, créer des monnaies, éditer des bouquins, les écrire (les lire aussi, des fois), faire de la musique, des films, couler des bateaux, fabriquer des tracteurs, des ordinateurs, des logiciels, des réseaux de communication, les rétablir quand un gouvernement énervé les coupe, monter des écoles, nous soigner (et éviter de tomber malade aussi un peu), bref, un certain de nombre de choses assez concrètes et indispensables,
et tout ça avec trois bouts de ficelle, en adéquation avec nos valeurs, avec nos vies, et surtout, enfin, ensemble.
Alors puisque décidément les vies qu’on nous propose sont trop étroites pour y loger nos rêves, puisque décidément l’organisation politique, économique et sociale de ce(s) pays nous est chaque jour plus insupportable, puisque même l’air ambiant sent tellement le fascisme rampant et les gaz lacrymogènes qu’il en est devenu irrespirable, puisque rester ici un jour de plus, c’est finalement continuer à collaborer à l’exploitation et à la destruction de la planète et de l’humanité, puisque les libertés qu’on nous jette sous la table sont trop maigres pour notre dignité, puisque enfin, nous sommes encore vivants et debout,
et bien, partons.
Entendons nous bien. On vit ici, on habite ici, on reste ici.
Mais le temps est venu d’assembler tous ces petits bouts de liberté, d’autonomie que nous avons su construire, conquérir ou préserver, de déclarer l’autonomie de ce patchwork, et de faire simplement, calmement, sécession.
Nous appelons donc aujourd’hui tous les hommes et les femmes libres à se regrouper localement afin d’imaginer et de commencer à construire ensemble ce que serait pour eux une « commune libre » et de prendre contact avec les autres.
Le premier constat sera forcément amer. La marge de liberté, de contrôle sur nos propres vies, qui nous reste est infime. Mais commencez tout petit s’il le faut, tirez sur ce fil, poussez un peu les murs et vous finirez par déplacer des montagnes.
Vous n’êtes pas seuls.
à bientôt,
Lt Francesco Casabaldi, Colonels Aureliano Buendia et Fedmahn Kassad
(...)
« Eh ben en tout cas on va pas moisir ici, j'ai un plan pour tous nous évader : Nous rentrons à Madrid, nous conspirons, le roi répudie la reine, la vieille épouse le perroquet, César devient roi, je l'épouse et me voilà reine !!! »
Louis de Funes, in La folie des grandeurs, 1971
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